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25 septembre

Depuis le début, nous avons ce sentiment d'être si petits dans cet environnement immense, reculé, sauvage et rude, qui fixe les règles mais qui nous a enveloppé de sa magie. Dans ce contexte, certaines décisions s'imposent d'elles mêmes. La décision de mettre un terme à l'expédition dans cette vallée ouverte, face à d'abruptes falaises, par 80°N, en fait partie. Un bel endroit arctique pour clore un parcours unique et inédit, au Nord des terres. Un bel endroit pour préparer Babouch-ty à l'hivernage. Ce vaillant catamaran de l'Arctique, 4è équipier, qui nous a accompagné sur des milliers de kilomètres et qui nous a abrité. 90 jours après notre départ de Sachs Harbour au Canada, nous regardons derrière nous et revoyons ces paysages et ambiances à couper le souffle, les rencontres incroyables avec la faune, notre formidable travail d'équipe... Oubliées les difficultés, les centaines de kilomètres à tracter notre embarcation sur des terrains si variés ! Tout au long de notre parcours, nous avons recherché l'eau libre pour naviguer. Et, il y a quelques jours, lorsque nous l'avons finalement atteinte, à quelques mètres de nos étraves, prêts à hisser les voiles, Seb a pris la décision de ne pas se lancer, et par là même de mettre un terme à l'expédition. Décision difficile et frustrante, après tant d'efforts et d'engagement, mais qui s'est avérée juste, vitale même ! Mais revenons un peu en arrière : après être restés bloqués 5, 6 jours au pied de notre falaise à faire le dos rond le temps que le vent se calme, nous avons passé 48h compliquées et fatigantes à tenter d'avancer au milieu d'une eau recouverte de neige et de glace, une vraie mélasse ! Et quand le courant de 3 ou 4 noeuds nous propulse sur une plaque bloquée contre une île, les safrans cognent violemment et le bateau se met en travers ; à peine le temps de se retourner qu'une première plaque nous arrive dessus, heureusement le bateau tient bon et fini par monter dessus mais il ne faut surtout pas rester là ! Commence alors une course poursuite avec les crêtes de compression qui se forment autour du bateau, il faut faire très vite. Je presse Éric et Jimmy qui sont à l'avant car les crêtes arrivent au fur et à mesure et rapidement dans mes talons. On fonce comme ça pendant 1 km et finissons, au prix de gros efforts et d'adrénaline, par réussir à les devancer et trouver une plaque assez épaisse pour nous mettre en sécurité. Nous la traversons et, arrivés devant une nouvelle zone d'eau et de courant, un autre défi s'offre à nous : notre plaque va dans un sens et les glaces compactées dans le courant dans un autre, nous savons que si nous descendons dans l'arène, nous ne pourrons plus nous arrêter jusqu'à la prochaine grosse plaque visible. Après un long moment d'observation, nous y allons et ça se se passe bien. Voilà le contexte dans lequel cette décision d'arrêter était inévitable, le bateau n'est plus en état, l'équipage est très fatigué par 3 mois d'expédition et devant nous une grande baie à traverser qui prendrait au moins 36 h sans abri possible alors que l'hiver est déjà là... Les heures qui suivent confirment la sagesse de cette décision. En effet, seulement quelques heures après, nous recevons un message de Christian Dumard (merci à lui de nous avoir aidé ces dernières semaines) nous conseillant de nous abriter, des vents de plus de 30 noeuds sont annoncés. La fenêtre météo ne s'est pas vraiment ouverte. Heureusement que nous ne sommes pas sur l'eau, avec notre petite embarcation bancale, cela aurait été catastrophique... Ici et maintenant, les vents, le froid, la neige, l'obscurité nous rappellent que l'hiver reprend sa place. L'Arctique requiert patience, persévérance, mais aussi une grande dose d'humilité. Nous attendons de meilleurs conditions météo qu'un helicoptère puisse décoller et venir nous chercher. Dans quelques jours, nous quitterons Babouch-ty, démâté, lové dans un repli de terrain et amarré à des sacs de pierres... Cette expédition prend fin ici pour cette année et l'histoire reprendra plus tard, nous reviendrons te chercher !

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20 septembre...

Incertitude... Voilà 5 jours que nous sommes bloqués par un vent trop fort pour notre petite embarcation et le seul abris que nous avons trouvé, une petite zone plate juste assez grande pour sortir le bateau, au pied des falaises et à l'entrée d'un long fjord, n'est pas idéal. Nous sommes en plein dans le courant d'air, et nous qui rêvions de randonnées à terre, les éboulis et les falaises nous bloquent sur notre lopin de pierre. Nous voilà contraints de passer 24/24h dans nos duvets à lire, discuter et jouer aux échecs dans les 3m3 qui sont notre espace de vie, remués par les vents forts en continu...Cette nuit ça a soufflé encore plus fort, dehors ça fumait, l'intérieur du bateau est recouvert de givre et de glace. Bonne nouvelle, la météo doit s'améliorer dès ce soir, nous en profiterons alors pour reprendre notre route et tenter d'avancer jusqu'au nord du bassin Kane ; demain, si l'accalmie se confirme, nous le traverserons. A suivre...

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15 septembre..

Coup de vent au Groenland... Nous savions que l'entrée dans le détroit de Nares constituerait un tournant pour l'expédition. Ces derniers jours, notre quotidien a changé du tout au tout. En plus de la glace, nous côtoyons maintenant la nuit et le froid. Une belle couche de givre se forme même parfois dans la cabine. Pas chaud ! Le bateau aussi fatigue, c'est sa deuxième expédition, avec des milliers de kilomètres et de chocs dans les coques ! Et le courant qui nous porte vers le sud, ça aussi c'est nouveau ! Et quel régal, depuis son duvet, de voir les kilomètres défiler ! Cependant, la dérive nous emmène du mauvais côté du détroit, à l'ouest. Ors, nous devons rester du côté Est (Groenland), c'est là que nous allons, et c'est là que nous trouverons l'eau libre. Mais surtout le vent est en train de forcir et nous savons qu'une tempête est annoncée pour les prochains jours, pas question de se retrouver bloqués sur une plaque de glace à la dérive, nous devons trouver un endroit à terre pour nous mettre à l'abri. Il a fallu ressortir de la glace et pour cela, à nouveau tracter le bateau jusqu'à enfin trouver l'eau libre. Au début, la navigation s'est avérée pas très confortable : au bon plein avec des vagues raides et courtes mais petit à petit, nous avons pu abattre et accélérer en slalomant dans la glace. Objectif atteint, nous voilà au Groenland ! Mais il fait trouver un abri et la tâche n'est pas facile au pieds des falaises. A l'entrée d'un fjord, nous apercevons cependant un plat qui pourra accueillir notre bateau. Nous sommes à marée basse, amarrons le bateau entre quelques blocs de glace échoués, et attendons la marée haute, vers trois heures du matin, pour pouvoir le hisser sur notre escarpins rocheux. Le matin au réveil le vent a forci, nous organisons le campement pour y passer plusieurs jours, repositionnons le bateau pour le sécuriser d'avantage. Nous ne prendrons pas la mer ces prochains jours, il va falloir patienter ici au moins jusqu'au 19 ou 20 septembre avant de pouvoir repartir sereinement... Nous avons suffisamment de gaz pour faire fondre la glace qui nous entoure et obtenir de l'eau, nous profiterons d'être « en repos » pour rationner la nourriture, et attendre patiemment de meilleures conditions pour rejoindre sans risque le prochain village à 400km de là.

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11 septembre..

Tapis roulant... Après avoir passé, de loin, la base d'Alert, ses lumières et son trafic aérien, nous voilà engagés dans le détroit de Nares, direction le sud et les côtes groenlandaises. Nous tournons maintenant le dos à cette banquise qui occupe nos journées depuis plusieurs semaines ! L'expédition est donc à un tournant, dans tous les sens du terme. Les difficultés ne s'arrêtent cependant pas là, car s'engager dans le détroit signifie qu'il va falloir jongler avec les courants, la glace et les vents forts annoncés. Pour le moment, le vent n'est pas encore trop fort (15/20noeuds) mais le courant se fait sentir, provoquant un effet d'aspiration et de gros mouvements de plaques de glace... nous commençons notre descente. Ce qu'il y a de positif c'est que la dérive fait le travail à notre place... il y a des chances que sur 24h, nous explosions notre moyenne quotidienne de ces derniers jours, tout en restant dans le duvet ! Le vent va vite forcir mais nous disposons de très grosses plaques, qui constituent un très bon abris pour se laisser dériver vers le sud et si la météo se dégrade trop, nous trouverons un abris à terre. Nous espérons atteindre assez rapidement, si les conditions le permettent, Cap Jackson pour pouvoir serrer la côte groenlandaise au niveau du Kane bassin, le vent y semble beaucoup moins fort et s'il le faut, nous pourrons y attendre une accalmie pour passer le détroit de Smith. ----------- Merci à notre partenaire Lagoped Une expédition de trois mois dans ces conditions impose d'avoir des vêtements de qualité, solides, chauds et, de plus, portant des valeurs que nous soutenons. Nagalaqa signifie « lagopède » en groenlandais (c'était aussi le nom de la chienne de tête de Sébastien et sa famille durant leur hivernage sur la côte est du Groenland). Lagoped, marque française de vêtements d'aventure, nous a vêtu de la tête aux pieds pour que nous puissions relever ce défi dans les meilleurs conditions. Deux mois plus tard, leurs vêtements sont toujours aussi efficaces malgré les conditions que nous avons rencontrées, le moins que l'on puisse dire c'est que nous les avons mis à rude épreuve. L'équipe Nagalaqa tient à remercier Lagoped pour son soutien dans cette expédition et l'assurance de vêtements de qualité conçus pour des terrains d'aventure.

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8 septembre..

Aujourd'hui les larmes … Après 2 mois au milieu de cette nature magnifique mais difficile, entre les glaces chaotiques, l'absence de vent et la tension due à la responsabilité d'un super équipage qui s'est démené pour nous faire progresser jusqu'ici... Ce soir, en apercevant les côtes du Groenland et le détroit de Nares devant nous, la fatigue a laissé la place aux larmes d'émotions ; bien sûr l'expédition n'est pas terminée mais le moment est fort ! Dans quelques jours nous retrouverons l'eau libre et nous retransformerons en marins, le vent dans les voiles, nous ferons route vers le sud. Seb ... En haut d'une crête de compression, nous apercevons au loin des montagnes, oui, nous ne rêvons pas, ce sont... les côtes Groenlandaises ! Devant nous, un beau spectacle : la fin des côtes nord d'Ellesmere, au loin le Groenland, et entre les deux le début du détroit de Nares ! Grosse vague d'émotion ! Voilà sous nos yeux la porte de sortie de notre périple arctique, l'aboutissement de plus de 2000km à tracter notre bateau sur la glace dans des terrains pas évidents et des situations parfois plus qu'improbables. Je tire mon chapeau à Seb qui a su vaillamment nous mener jusqu'ici à bord de son étonnant bateau. Nous avons devant nous encore de longues journées, mais c'est là un bel objectif atteint, qui nous remplit de joie et d'émotion ! Eric ... Ce soir, nous voyons les derniers kilomètres de la côte nord d'Ellesmere. Quelques reliefs au loin nous font apparaître le Groenland. Le Détroit de Nares est juste à côté. Vive émotion : nous nous serons dans les bras, je me repasse en souvenir les 2000 derniers kilomètres que nous avons réalisé pour être ici. Je réalise auprès de mes camarades l'aventure que nous avons parcouru ensemble jusqu'ici, émotion forte au rendez vous. Depuis plusieurs jours maintenant nous enchaînons sans vraiment rien d'autre des journées difficiles physiquement comme mentalement. Les conditions ne sont pas au rendez-vous pour nous aider un peu et nous arrachons les kilomètres au prix d'un effort permanent. Le Détroit de Nares et ses eaux libres, une porte menant droit au sud vers les villages de la côte Ouest du Groenland. Jimmy

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5 septembre..

chaleur et nuit... La route le long de la côte nord d'Ellesmere est longue, on s'en rend compte tous les jours ! Elle est l'une des régions de l'Arctique la plus dense en glace, avec notamment les glaces les plus anciennes. Cela fait des jours que nous n'avons pas vu (ou très peu) d'eau libre ni de vent... Alors ce matin au réveil, lorsque nous découvrons un beau et "chaud" soleil accompagné d'un léger vent portant, c'est cadeau ! Ça réchauffe les âmes et les corps... et la surface de l'eau. Naviguer entre les zones de glace qui ont été écartées par le petit vent, et qui n'ont pas regelées ? On prend ! Pour un temps, car il faut ensuite continuer dans les zones de glace, trouver le meilleur passage pour franchir un Nième cap, et toujours avec l'espoir de trouver meilleur terrain derrière. La surprise, le deuxième cadeau de la journée, au détour d'une crête : une belle plaque lisse et facile ! On prend on prend ! La lumière est belle, le soleil se rapproche de l'horizon... Ce soir, le soleil se couchera pour la première fois depuis des mois et le 13 octobre prochain, ici même, il le fera définitivement et pour plusieurs mois. Mais nous serons déjà loin ! Ces derniers jours, nous avons fait l'inventaire de nos stocks de nourriture, tout va bien, nous avons assez jusque fin septembre... Alert, nous arrivons ! Encore un cap à passer demain et ensuite nous obliquerons sérieusement vers le sud. Alert est une base scientifique et militaire canadienne. Pour nous, c'est surtout la porte du Grand Sud (à 50km de nous ce soir), le point où nous tournerons le dos à la banquise, où nous trouverons l'eau libre et nous engagerons dans le détroit de Nares, plein sud. L'expédition prendra clairement une nouvelle tournure ! Plus loin, nous trouverons les premiers villages groenlandais. Nos premières présences humaines depuis le 26 juin, il va falloir se réadapter !

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2 septembre..

BAAM !!!! Ce matin, au départ, nous voyons des traces d'ours autour du bateau... Un curieux s'est approché mais bien élevé, il a veillé à ne pas nous déranger dans notre sommeil ! Ça tombe bien, nous avions besoin de dormir. Trop de fatigue accumulée et plus d'énergie hier... Il faut prendre soin de nous car la fatigue affecte le moral, et le moral affecte le physique, ou inversement. Autant dire que les trois sont liés... Et l'enchevêtrement des (vieilles) glaces pluriannuelles de ces jours-ci complique les choses : des ravins, des bosses, des lacs de fonte gelés, des bordures de plusieurs mètres, Babouch-ty passe partout, mais tout de même... Impressionnant de se dire que nous avons 40-50m de glace sous nos pieds (dont 5 au dessus de la surface de l'eau) ! L'horizon ne dévoile rien de meilleur et nous sommes au beau milieu de ce déluge. Ce 1er septembre ne démarre pas sous les meilleurs hospices. Des questions émergent, des doutes, des interrogations pour les jours à venir. La base d'Alert est encore à 100 kilomètres et à 15 h nous avions progressé de deux kilomètres. La route nous paraît encore très longue. Petit a petit, nous reprenons la direction de la côte pour ne pas subir les vents de face annoncés (et la dérive négative). Encore des passages compliqués, le moral n'est pas au plus haut, mais Seb ne s'arrête jamais, avance à coup de drone, de repérage depuis une crête ou navigue à vue en fonction de ce qui se présente. On suit en espérant, sans trop y croire, un terrain plus praticable. Mais Il faut s'accrocher, avancer mètre après mètre, ne jamais baisser les bras et rester soudés pour mieux passer ensemble les épreuves. Car rester sur place n'est pas une option, septembre est là, nous devons progresser. Puis il ne faut pas oublier les deux derniers mois que nous avons passé dans les glaces, presque 70 jours que nous sommes partis et combien de fois nous sommes dit à quel point la glace pouvait changer du tout au tout en un rien de temps. Et finalement, en arrivant à la côte, de belles plaques étendues et lisses s'offrent à nous le long des montagnes. Nous retrouvons le sourire. Quel soulagement et quel plaisir d'avancer sans devoir forcer pour débloquer le bateau tous les deux mètres. Regards posés sur les paysages qui nous entourent, et un coup d'oeil en arrière sur le chaos que nous quittons. Le lendemain nous repartons sur la belle banquise de la veille. Nous nous en réjouissons et croisons les doigts pour ne pas retomber sur les spectacles chaotiques de ces derniers jours : 20 kilomètres plus loin nous installons le campement en fin de journée. Ce soir nous discutons autour de notre plat de pâtes carbo forestière, bien au chaud dans notre duvet. Nous apprenons beaucoup, chaque jour qui passe en expé, sur nous même, sur l'équipe, sur l'engagement dans ce milieu rude mais fascinant... Partenaires du jours : BAAM !!! BAAM ! la barre de céréales pleine de soleil de Marseille, pleine d'énergie et surtout fabriquée à partir de produits de qualité, avec ses 3 goûts tellement différents mais tous délicieux.... On recommande et on se régale. Merci à BAAM !

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31 août 2022

Entre Colombia et Alert... Nous sommes repartis de Cape Colombia, le point le plus nord de notre expédition, en prenant la direction du large ; en nous éloignant de la côte, nous espérions trouver de meilleurs conditions de glace. Après une nuit au large, pendant laquelle la dérive nous a fait reculer de 800m, nous avons décidé de lever un peu le pieds après avoir beaucoup donné les jours précédents : il faut penser à se ménager car la route est encore longue. Un temps sans vent et très nuageux nous attend, mais tout de même avec une belle vue sur la côte nord d'Ellesmere saupoudrée de neige, une atmosphère figée, des plaques moins dures que ces derniers jours et même un petit peu d'eau. Finalement, nous avons été plus efficace pour moins d'heures passées à tracter, le choix du large s'est avéré être le bon. Notre prochaine étape se situe vers la base canadienne scientifique et militaire d'Alert. De là, nous pourrons enfin emprunter le détroit de Nares et prendre la direction de la côte Ouest du Groenland. Les paysages devant nous nous promettent encore quelques efforts à fournir pour retrouver un peu d'eau libre et filer au vent.

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29 août 2022

Cape Colombia... Depuis quelques jours, la configuration du terrain change... Finis les grands fjords, avec leurs glaces relativement lisses et praticables, qui nous permettaient une avancée lente mais régulière. Ici, les côtes sont abruptes et le pack est venu s'accumuler le long des terres. Pour éviter ces chaos de glaces, entrecoupés de zones d'eau partiellement gelées, il faut nous adapter au terrain... Ah, on s'amuse bien par 83° nord ! Hier, il a aussi fallu traverser une moraine et éviter que les cailloux ne touchent les skis. Plus loin, pour éviter la crête de compression, deux d'entre nous tractaient le bateau tout terrain depuis les éboulis, pendant que le troisième cassait la glace à l'étrave et essayait de diriger le bateau. Hier soir, arrivés au niveau d'un nouveau cap et glacier, nous nous sommes offert une petite randonnée pour prendre un peu de hauteur et apercevoir la suite du programme, la vue sur le fjord et les sommets environnants est splendide ! Aujourd'hui, les conditions ont été difficiles, ça a été compliqué entre glacier avec gros dévers, glace pourrie, plaques chaotiques et même descente de mur de glace en rappel.... mais ce soir, nous sommes à Cape Colombia et à partir de maintenant, notre route se fera toujours un peu plus sud vers le détroit de Robeson qui sépare l'île Ellesmere du Groenland.

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26 août 2022

Bientôt le sud ... Cela fait exactement 2 mois que nous avons quitté Sachs Harbour ! Et nous continuons notre travail de fourmis, 15km seulement aujourd'hui, mais 15km intenses avec beaucoup de changements. C'est éprouvant car à chaque fois, il faut comprendre le nouveau terrain qui s'offre à nous, repérer les passages qui nous ferons progresser : vu du bateau, nous avons l'impression d'être entourés de gros blocs infranchissables, il faut s'approcher, monter dessus ou sur la dérive du bateau pour repérer le passage mais on finit toujours par trouver une solution pour progresser. Heureusement, il y a la vue toujours aussi magique, et nous nous sentons privilégiés de contempler ces paysages ! La lumière change vite, l'eau gèle de plus en plus, le soleil est de plus en plus bas ; le 5 septembre, il passera sous l'horizon (à 83 degrés Nord) ne nous laissant guère le choix... Nous sommes à 33 km de Cape Colombia, notre objectif le plus proche avant... d'entamer une route vers le sud. C'est donc l'option 2 qui a été retenue ! Celle de redescendre sur la côte ouest du Groenland avant que l'hiver ne nous rende les choses encore plus difficiles voire très compliquées. La décision s'est faite naturellement au vu des conditions évoluant très vite, sans regret pour le nord du Groenland, nous sommes sincèrement heureux de ce que nous avons déjà vécu et surtout, ce n'est pas fini. Nous sommes conscients que rien n'est fait, le terrain devant nous nous réserve encore des surprises... Il faut s'armer de patience, de force et de persévérance...! A bord, ce soir, nous nous sommes offert un petit moment culturel ! Oui oui, nous sommes des bourrins cultivés ! Eric a pu récupérer un ou deux podcasts enregistrés sur son téléphone... mais à défaut de pouvoir faire une mise a jour de celui-ci, ça s'est arrêté là, car pour cela il faut une connexion internet. C'est curieux cette autarcie complète : aucune présence humaine autre que ses deux compères depuis 2 mois, aucun lien avec le monde extérieur autre que notre boîte mail Iridium, seulement ce monde de roc et de glace, et notre petit bateau qui avance, kilomètre après kilomètre ! Si mère Banquise voulait bien nous donner un coup de pouce et nous ouvrir un petit passage, nous le prendrions avec plaisir !

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24 août 2022

Barrière de glace de Ward Hunt... Comme tous les matins, la journée commence sans que nous sachions comment elle se finira, quel terrain nous allons rencontrer, combien de kilomètres sur l'eau ou sur la glace nous allons parcourir, à quelle heure nous irons nous coucher, si nous ferons des quarts, où camperons-nous le soir... Depuis longtemps nous avons arrêté de faire des pronostics... Car trop souvent il y a un "mais" : nous avions un crac d'eau libre... mais pas de vent. Nous avons du vent... mais celui-ci a rempli le crac de glaces, le rendant impraticable. Les lacs de fonte ont gelé, et sont praticables... mais les zones d'eau libre habituellement navigables sont recouvertes d'une croûte de gel trop fine pour porter le bateau, trop épaisse pour avancer... Depuis hier, dans ces conditions, il faut se mettre aux étrave et briser la glace à coups de bottes pour se frayer un passage... On avance mètre par mètre... mais avons tout de même franchi le 83 degré nord ! ... Aujourd'hui nous reprenons notre route avec la même incertitude. Le pack s'est rapproché de la terre, il faut oublier l'idée de naviguer sur l'eau ! Sur la glace de mer donc, nous longeons toujours l'immense barrière de glace de Ward Hunt jusqu'à une zone plutôt encombrée, voire même carrément chaotique qui nous pousse à monter sur le glacier. Nous montons progressivement, à hisser notre embarcation de plus en plus haut en suivant les courbes formées par les pressions exercées sur ce plateau de plusieurs dizaines de kilomètres carrés. 30 kilomètres parcourus et plusieurs mètres d'altitude gagnés sur cet immense masse de glace. Nous sommes en train de traverser par son centre ce plateau de glace plutôt que de le contourner comme nous pensions le faire. Nous traversons des lacs, avec une épaisseur suffisante de glace pour évoluer dessus et le vent nous porte toujours nous permettant d'avancer sans trop d'efforts. Les lacs s'enchaînent, une rivière ayant creusé une ravine plus profonde que les autres nous permet même de faire passer le bateau entre deux lacs. Nous finissons notre journée sur une bande d'eau gelée menant droit sur notre cap. Ce soir nous dormons sur le glacier, nous ne sommes pas encore à la plus haute latitude de l'expédition mais assurément à la plus haute altitude.

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22 août 2022

Arrivée douce de l'hiver... Hier matin, Seb a décidé de reculer le départ, nous finissons tout de même par partir dans des conditions peu engageantes : visibilité nulle, vent fort de face, du près dans le brouillard givrants avec 1 ris/tourmentin... Seb barrera tout le long. Jusqu'à ce que le vent tombe, nous tirons le bateau depuis la bordure, histoire de gagner encore quelques kilomètres. Seb passe à l’eau jusqu’à la taille, encore une bordure traitre ! Vers 20h, nous ne sommes plus qu’à une poignée de kilomètres de la terre, du bout de la baie que nous traversons. La dernière approche se fait à la voile, les nuages se dissipent et laissent apparaître les montagnes et un glacier tout proche Nous montons le camp au pied du glacier qui descend en pentes douces dans la mer. Longue journée donc que celle d'hier mais qui finira de façon majestueuse et inattendue ! 32km parcourus : pas mal pour une journée qui commençait mal ... La nuit au pied du glacier fut fraîche, l’intérieur de la cabine a gelé. Ça tombe bien, hier nous avons changé nos sacs de couchage pour les duvets « grand froid » ! Dehors, grand ciel bleu, la vue est splendide, le panorama sur les sommets et glaciers appellent à une petite randonnée de reconnaissance. Nous commençons notre ascension sur le glacier qui domine la baie, c’est grandiose ! A notre retour au bateau nous prenons un dernier café tout les trois assis sur l'étrave au soleil. L'eau de la baie a gelé et le bateau une fois lancé ne suffit pas à briser la couche de glace qui s'est formée dans la nuit. Nous cassons ces quelques centimètres d'épaisseur de glace à la rame avant de rejoindre des eaux moins gelées. Pas de vent, nous ramons. La progression est difficile et lente mais nous arrivons tout de même à parcourir 42 km aujourd’hui, une bonne partie à la rame, un peu à la voile, un peu en halant le bateau depuis la bordure. Au fil des kilomètres nous ne nous lassons pas des paysages qui nous entoure. La vue est incroyable partout autour de nous. Vers 23h notre journée prend fin, le GPS nous indique que nous ne sommes plus qu’à 80km du cap Columbia, le point le plus au nord d’Ellesmere et de notre parcours. L’excitation monte ! Notre périple est loin d’être fini cependant. Le soleil décline, ainsi que les températures ; bientôt la nuit sera de retour, les journée vont tranquillement raccourcir nous offrant en plus de ce que nous avons déjà un spectacle de long couchers de soleil et peut être même un peu plus tard, celui des aurores boréales.

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19 août 2022

Premières neiges et compression en direct... Hier soir il a neigé et ce matin, une belle pellicule blanche recouvre le bateau ; pour sûr, le paysage commence à changer, l'air est plus sec, plus froid, et nous avons moins froid ! Le bateau à l'eau, nous passons une journée magique à tirer des bords dans des paysages du bout du monde : grands sommets, glaciers géants, icebergs, bancs de brume, un peu de neige et du soleil. Nous longeons même un « ice shelf » (tabulaire ou plateforme de glace), difficile d'en estimer la taille depuis notre embarcation mais tout est immense, ces échelles nous dépassent et nous avons le privilège de profiter de ce panorama depuis un voilier. Nous naviguons une grosse partie de la journée sur l'eau libre même si nous devons parfois hisser le bateau sur la glace pour le tirer jusqu'à la prochaine zone d'eau. C'est lors de l'un de ces moments que nous avons assisté à la formation d'une crête de compression : deux plaques presque lisses s'entrechoquent, des blocs de plusieurs tonnes s'élèvent et en l'espace 15 minutes seulement la banquise se froisse comme une vulgaire feuille de papier formant une crête de 5 mètres de haut dans la zone de contact ; nous pouvons même apercevoir les traces de notre passage 20 minutes plus tôt, monter de plus en plus haut, nous mesurons la force des éléments. La banquise épaisse d'un mètre ou plus vibre sous nos pieds, en sécurité nous profitons sereinement de ce spectacle incroyable. Une demi-heure après notre passage, ce n'est que chaos...

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18 août 2022

Nord, toujours plus nord... Nous continuons notre travail de fourmis qui est de trouver l’eau libre pour avancer rapidement et sans trop d’effort. C’est frustrant de se dire qu’il y a peut être des passages et des voies d’eau à quelques centaines de mètres de nous, mais cachés par des crêtes ou blocs ou brouillard. Ce dernier ne nous permet pas d’utiliser le drone pour reconnaître le terrain et nous affranchir de notre condition de bipède à la vue limitée. Nous alternons donc entre la lecture des cartes satellites (qui indiquent clairement ces derniers jours l’existence d’un crac le long des côtes) et des nuages noirs qui reflètent la présence d’eau libre, d’excellents indicateurs. Par ailleurs nous prenons régulièrement de la hauteur sur la dérive de Babouch'ty ou sur les blocs de glace pour repérer la meilleure route. Quelques passages entre eau et glaces, le terrain change progressivement, les zones d’eau s’élargissent, et nous voilà engagés dans le crac. « Il faut coller à la plaque de glace rattachée à la terre, sinon on risque de partir dans de mauvaises directions » précise Seb, les cartes satellites sous les yeux. « Bientôt on va tomber sur une plaque qui barre notre chemin, on la traverse, on aura de nouveau de l’eau libre derrière ». Le terrain confirme la vue satellite ! Bien joué capitaine, combinant techniques modernes, lecture du terrain, instinct et longue expérience ! Nous avons passé le 82 nord, et sommes à 200km du 83è parallèle, point le plus au nord de notre parcours, et du continent. Rien n’est fait, mais nous avons derrière nous déjà un beau chemin parcouru. A partir de là, nous prendrons la route vers le Groenland. Nous ne savons pas encore quelle option nous choisirons ou plutôt celle qui s'offrira à nous, côté est ou ouest du Groenland ? nous déciderons en temps et en heure, avec tous les éléments que nous avons en main : vents et courants dominants, calendrier, marges de sécurité, etc. Depuis quelques jours, la lumière change, les flaques commencent à geler, nous sommes plus proches de l’équinoxe que du solstice. Nous voulons aussi profiter de ces régions belles et sauvages, sans se mettre trop de pression ni se retrouver en position d'insécurité. Nous verrons en temps et en heure quelle option nous retiendrons...

16 août 2022

Patience et persévérance... Ces deux derniers jours, la banquise s'est resserrée, nous avons eu du mal à trouver notre chemin entre les cracs que l'on a fini par quitter, un peu trop tard, pour nous rapprocher des glaces lisses de terre. Nous nous sommes retrouvés exactement là où nous ne voulions pas être, entre les deux... sur un terrain très chaotique ! Nous y avons passer beaucoup de temps pour parcourir peu de kilomètres. Heureusement, le panorama est sublime : Ellesmere et ses sommets éclairés par les rayons du soleil. Aujourd'hui, l'ambiance est brumeuse et monotone, le blanc domine. La banquise aujourd'hui est pourtant très lisse et un petit vent portant dans les voiles nous aide à faire avancer le bateau. Nous longerons les côtes d'Ellesmere sans pouvoir les apercevoir tout en cherchant les nuages noirs nous indiquant l'eau libre au loin. Les cartes des glaces nous indiquent bien une voie d'eau à plusieurs kilomètres mais notre questionnement perpétuel et quotidien est de savoir si quand nous arriverons, cette voie d'eau sera toujours ouverte... ou pas ! Seul le ciel qui s'assombri par endroit se révèle être notre allié nous indiquant de manière certaine si c'est de l'eau ou de la glace en dessous. Chacun de nous affine sont sens de l'observation ; La force d'un groupe est indispensable par sa cohésion autant que par l'implication individuelle pour celui-ci. Chacun est responsable des autres, et cela commence par faire attention à soi même ; il faut penser à soi sans être égoïste, penser aux autres sans être altruiste. Il n'y a pas d'échappatoire ici. Mais une balance évidente et naturelle s'établie quand chacun est là pour la même raison : l'admiration et la passion de ces endroits. Nous avançons tous les trois vers ces nuages noirs, quoiqu'il en soit, heureux du temps que nous passons ici, de la faune que nous rencontrons et des paysages incroyables que nous observons. Vers le Nord, vers le Groenland, et pour plusieurs semaines encore.

13 août 2022

Ellesmere !! La nuit a été assez agitée, avec le vent fort de la pointe de l’île et l'entrée du détroit. Il fallait s’assurer que les deux piolets d'ancrage du bateau ne décrochent pas. Seb a aussi mis l’alarme du gps, qui a effectivement bipé en fin de nuit, signalant que la plaque de glace rattachée à la terre, sur laquelle nous étions posés, commençait à dériver. Mais tout va bien, le vent commence à décliner, le temps pour nous de prendre le petit déjeuner, plier bagages et prendre le départ vers 7.30. Quelques courts passages sur glace, et nous voilà rapidement sur l’eau au nord de l’île Axel Heiberg, un boulevard s’ouvre à nous jusqu’aux montagnes d’Ellesmere, de l’autre côté du détroit Nansen. La vue, d’un côté et de l’autre du détroit, est splendide : glaciers rutilants, calottes, névés, montagnes aux tons ocres, un monde brut de roches et de glaces mais également doux dans les formes baignées de soleil. Séb nous enseigne à présent la navigation près du relief : les vents sont très changeants, en force comme en direction, les glaces dérivent vite, il faut rapidement changer de voilure... La vigilance s’impose. Il faut essayer d’anticiper, être rapide et efficace. 65 km plus loin, en majeure partie sur l’eau, nous installons le bivouac au pied des montagnes d’Ellesmere ! Une sacrée étape franchie, et de manière tellement inattendue et inespérée !

12 août 2022

Ok le beau crac... Quelle journée !! Nous n’en revenons pas encore ! Nous étions partis pour marcher nos 20km quotidiens sur glace, tout en tractant notre traîneau et... Hier soir, Seb tenait à installer le bivouac en bordure de plaque, pour surveiller la dérive et ce matin, un petit vent secoue la toile de tente, un rapide envol de drone confirme qu'une voie d'eau s’ouvre...!!! Le vent provenant du fjord est en train d’écarter les glaces au large. Nous y voila, notre patience, nos efforts et vos bonnes ondes ont fini par payer, nous allons enfin pouvoir naviguer et ainsi accélérer la cadence. Le vent nous porte bien, il est 13h lorsque nous dépassons le cap que nous nous étions fixé la veille, et nous continuons de voguer le long des côtes. Les kilomètres défilent, sans effort et sans fatigue, nous sommes sur un boulevard. Longer l’île Axel Heiberg est un beau spectacle (au ralenti, entre 3-4km/h), avec écran panoramique. Nous sommes ravis de trouver de nouvelles couleurs qui contrastent avec les glaces de ces dernières semaines : l'ocre et le brun des montagnes et collines, le vert ou le rouge des mousses au pied des névés... Heureux de retrouver du relief, des rochers, des falaises. Émus aussi de trouver de la vie : un moustique (!), un renard arctique sorti de la banquise et cherchant à venir à notre rencontre, des phoques en quantité profitant de la nourriture abondante des fjords... Nous sommes partis pour naviguer toute la nuit, profiter de ce vent et de ce chenal que l’on sait éphémères, au près mais sous-toilé car le vent n'est pas régulier (à cause du relief), on ne veut surtout pas prendre de risque. Puis à l'approche de la pointe, celui-ci commence à forcir, on prend le 2ème ris et on relève la dérive, nous avançons tout de même à 8 nœuds, la mer commence à sérieusement moutonner... Seb demande à Jimmy de mieux ferler la GV mais une rafale encore plus forte nous force à affaler le tourmentin et à réduire encore, finalement nous filons à grande vitesse vers un belle plaque pour nous mettre à l'abris. Seb passe sous le vent pour se protéger des vagues pendant que Éric et Jimmy sautent sur la plaque piolets à la main, nous montons le bateau sur la glace, en sécurité le temps que ça se calme. Nous sommes à 10km du détroit Nansen et une montagne se profile pas si loin : Ellesmere, la dernière île canadienne, la plus septentrionale. Nous y sommes presque. Merci pour vos énergies positives, ça a marché... elles nous sont parvenues jusqu’ici, à 81 degrés nord. Le vent tant attendu est arrivé ! Nous sommes tellement petits dans cet environnement ; oui, des fourmis arctiques. Nous donnons le meilleur de nous mais ne pouvons décider de rien. C’est l’arctique qui décide. Nous prenons ce qu’elle nous offre ! Ce vent, aujourd’hui, nous l'accueillons avec joie et excitation, la route pour Ellesmere est ouverte !! Nous repartirons dans la nuit, dès que le vent se sera calmé, ne prendre aucun risque pour ne pas gâcher ces beaux moments...

10 août 2022

De glace et de pierre... Flan rocheux et falaises escarpés, les glaciers au loin épousent la forme des montagnes et nous sommes sur la banquise, plus qu'à quelques centaines de mètres des côtes, tirant notre embarcation vers Ellesmere. Nous avons pas mal avancé ces deux derniers jours sur la glace, effectuant de grosses journées tout en profitant du relief pour se dégourdir les jambes. En revanche, toujours pas d’eau libre en vue... nous continuons de tracter, pousser... Nous sommes des fourmis de l’arctique, dépendant grandement des éléments. Si nous souhaitons atteindre le nord du Groenland, il y a encore un bon bout de chemin. Le calendrier tourne, mais rien n’est fait évidemment. Pour avancer plus rapidement, nous espérons l’ouverture (ou réouverture, car il y en a déjà eu dernièrement) d’un beau crack d’eau libre le long des côtes de ces trois dernières grandes îles de notre parcours. Nous allons vous mettre à contribution : un gri gri, une prière, une offrande, une danse du vent... pour espérer bénéficier d’un vent de secteur sud ou est pour nous ouvrir la voie et nous porter tout là haut, au nord de toutes les terres ! Ellesmere est à portée de main, ce sera déjà une grande joie et satisfaction d’y arriver, après tous ces efforts ! Difficile de ne pas se projeter, mais il faut prendre les étapes les unes après les autres, rester serein et confiant, et prendre ce que la nature nous donne.

7 août 2022

Des bas et des hauts... Depuis quelques jours, les terres s'élèvent, les reliefs apparaissent et nous distinguons la calotte de glace recouvrant l'île Meighen. Hier, nous avons croisé la route d'une mère ourse et ses deux petits ; ils ne nous avaient visiblement pas vu jusqu'au moment où nous avons changer de direction pour leur laisser le passage. Une scène de vie sauvage fabuleuse, nous les observons quelques minutes en maintenant notre allure de notre côté. Mais nous avons surtout cherché notre crack qui, dans nos espoirs, nous mènerait à l’île suivante... Rien trouvé, si ce n’est de l’eau encombrée de blocs flottants rendant la progression difficile au milieu du brouillard. Rajoutez à cela du vent, de la pluie, du brouillard et de la fatigue accumulée, l’énergie n’y est pas, au bout de 6 km laborieux, nous décidons de ne pas insister et installons le camp tôt, c'est un temps pour les prélèvements, le bricolage et le repos. Ce matin, un soleil froid mais radieux nous accueille et nous offre une vue splendide sur notre destination : les montagnes de l’île Axel Heiberg ! ça motive ! De plus, la visibilité nous permet de trouver les belles plaques, et un vent de travers (20-25km/h) nous aide. Le brouillard tombe, nous voilà ce soir à 23 km des prochaines côtes ! Contents de notre journée ! Ellesmere est à 200km de nous. Le terrain change, les conditions de glace devraient être différentes ; même si nous sommes dans les temps, le calendrier tourne. Nous sommes bien petits dans ce monde de glaces, soumis au bon vouloir de Mère Nature et au grand puzzle de l’arctique, aux vents et courants qui pourraient nous ouvrir des voies d’eau pour avancer plus loin encore avant que l’automne ne vienne refermer tout cela. Les prochaines semaines seront donc décisives sur l’objectif que nous pourrons nous fixer. Pour l’instant, nous sommes simplement ravis d’être enfin à portée des dernières grandes îles septentrionales de notre parcours !

4 août 2022

L’excitation monte d’un cran... Le ciel se dégage dans la journée et nous voyons clairement sortir de l’horizon l’île Meighen et sa petite calotte glaciaire. Et au delà, dans le prolongement, les montagnes et glaciers de l’île suivante, Axel Heiberg, la jumelle de Ellesmere. La porte d’entrée pour le grand grand nord, ça booste ! Nous effectuons 35km le long du crack alternant eau libre et belles plaques, mais notre route serait sûrement plus incertaine dans cette immensité blanche sans l'aide de Christophe et Lise qui nous envoient tous les jours cartes des glaces et bulletin météo. Ces informations nous permettent de déterminer la stratégie à adopter sur le terrain, notre cheminement à moyen et long terme, essentiel donc, un grand merci ! Toutes la journée, nous longeons des montagnes de glace qui se sont formées à la rencontre des plaques, traversons des fissures apparues lorsque celles ci s’écartent, tout ce petit monde de plusieurs mètres d’épaisseur et de plusieurs milliers de tonnes dérive au gré des vents et courants, modifiant chaque jour le paysage. C’est beau ! Nous bivouaquons à 10km de la côte de l’île Meighen, le détroit est maintenant derrière nous. Et encore un peu de magie pour terminer cette journée : il est 23h, la lumière est splendide, une mer d’huile et des bélougas passent à 2m de la bordure... C'est une chance d'être ici... Et nous la devons à Jean Christian Kipp et sa fondation Odysseus qui nous permet d'être là en étant notre soutien principal dans cette expédition. Grâce à sa démarche et sa générosité, nous voyons un rêve se réaliser. Ainsi que tous nos partenaires qui nous font confiance, parfois depuis des années et ainsi nous offrent la possibilité de partir sereins et très bien équipés. Merci

2 août 2022

Bélouga curieux... Ce matin, nous tirons le bateau jusqu'à une belle ligne d’eau ouverte jusqu’à l’île suivante, confirmée par les cartes des glaces.. Sous le soleil et avec un vent léger portant. Quand on sait qu'à certains moments de l'année les conditions sont parfois des plus extrêmes ici, nous profitons de la beauté de ces endroits et du calme lourd qui qui y règne comme si le temps s'était figé... toujours en silence, sans moteur, juste le bruit parfois de la voile qui faseye, des rames rentrant en contact avec l'eau, du rire de Seb... pour mieux entendre et écouter les souffles de bélugas reprenant leur respiration. Ces ouvertures d'eau libre au milieu des immensités gelées sont pour nous comme des oasis dans le désert ; en plus d'être réparatrices (après ces derniers jours assez physiques) nous offrant des moments de repos sur Babouc'ty qui progresse sur une mer d’huile, nous y croisons des bélougas, des phoques et des traces d'ours récentes. La journée est passée trop vite, 30 kilomètres plus loin et après notre 4ème prélèvement d’eau pour l’ADN, c'est déjà le moment de poser le campement. Vivement le réveil demain matin

1 août 2022

Couloir entre glace et plage... Nous commençons ce mois d’août avec un belle journée ensoleillée, une de plus ! Quel régal de partir avec cette lumière, des affaires sèches et une belle visibilité. Néanmoins les flaques sont gelées et nous devons tracter mais sur de belles plaques côtières lisses, pour finir par mettre à l’eau entre la glace et la côte, ce qui nous permet d’avancer de quelques kilomètres sur l’eau, en alternant tout de même avec des passages sur la glace. Arrivés à la première pointe de l’île, nous pouvons reprendre un cap Est, sur l’eau de nouveau, au portant, entre 5-8km/h sur 30km ! Des kilomètres cadeau ! Nous sommes comme des enfants, ravis de voir les kilomètres défiler, ébahis devant les couleurs et l’ambiance qui s’offrent à nous : les ocres de la côte, les fonds étonnants et le blanc de la banquise de l'autre côté... Nous nous échouons régulièrement sur des bancs de sable mais nous en dégageons facilement. Bilan de la journée très positif : 52 km et nous sommes positionnés pour quitter l’île Ellef Ringnes et traverser le détroit de 100km qui nous sépare de notre 6 ème île : Meghien. L’excitation monte ! Il est minuit, l’heure de s’enfoncer dans son duvet...

30 juillet 2022

Du vent dans les voiles, du soleil, de la glace et... de l’eau ! Aujourd'hui, le vent est avec nous et nous aide à franchir les obstacles. Nous avançons mètre par mètre, Jimmy et Eric ont les yeux rivés sur le GPS, chaque kilomètre est une petite victoire ! Heureusement, petit à petit, le terrain change, s’adoucit, il y a aussi plus de zones d’eau... nous sortons enfin de ces zones de chaos. Encore quelques endroits un peu délicats à franchir mais plusieurs belles plaques s'enchaînent nous laissant espérer que nous allons vers le mieux. La glace fond, elle devient plus fragile. Des bordures d'une vingtaine de centimètres cèdent sous le poids du bateau et nous sommes un peu plus vigilant. Pourtant, pris dans le feu de l'action, Jimmy bat le record du plongeon, jusqu’au cou! Il se rattrape in extremis à l’étrave du bateau... Seb continue patiemment de nous enseigner ses connaissances de la navigation et des glaces : le placement du bateau sur les blocs, le maniement des voiles, la trajectoire par rapport au vent... Nous élaborons au passage une nouvelle technique : le coup d’accélérateur ! Pour passer en force certains passages délicats, il nous faut franchir rapidement l’obstacle avant le point d’équilibre ou de bascule du bateau pour empêcher que celui-ci ne se bloque. Nous croisons un iceberg énorme, un tabulaire, que nous avions pris pour une île au loin du fait de sa couleur sableuse. Au détour de celui-ci une faille d'eau libre va nous amener à une vingtaine de kilomètres de notre cap, la pointe de l'île d'Ellef Ringnes, au portant et accompagnés par un banc de bélougas ! Nous savourons, après tous ces efforts ! Ce soir nous pouvons la voir depuis notre campement, demain, nous mettrons le pied dessus.

29 juillet 2022

Reliefs de glace... Ce matin, nous n'avons perdu que 1 km durant la nuit et le soleil est au rendez-vous, c’est si rare ! L’ambiance est magique, arctique : froid beau et sec, belle lumière... nous en profitons pour faire sécher des affaires qui étaient restées humides depuis plusieurs jours... comme d'autres petits détails paraissant insignifiants mais qui ont leur importance ici. Nous démarrons dans des conditions musclées, au milieu de blocs énormes. Parfois nous nous retrouvons à 4m au dessus de la surface de l’eau, autant dire la taille de ces mastodontes ! Ce sont des glaces pluri annuelles, qui viennent du large et se sont brisées ici. Des reliques de l’arctique... Ces glaces qui se sont formées au cours de plusieurs années sont de plus en plus rares en arctique actuellement. Nous sommes bien petits ! Lorsque nous partons en reconnaissance pour trouver le meilleur passage, ou le moins pire. Voici un petit aperçu de nos conversations : - Nous : ça passe là bas ? - Seb : Ouais, nickel ! Il faut bien sûr relativiser le mot « nickel » ! Sinon : « c’est pas top, mais ça va le faire ! » Et ça le fait à chaque fois. Nous restons impressionné nous-même des passages que nous arrivons à franchir : il arrive que le poids du bateau, à l’arrière, est en appui sur les safrans. Comment ça ne casse pas ? « Juste des bouts de carbone bien placés ! » ajoute le capitaine. Bilan du début de journée : 600m parcourus en 2h d’efforts ! 10km au total aujourd’hui...Une journée très difficile. Ce détroit se mérite et nous avons du mal à le franchir. Les paysages restent incroyables. Nous sommes seuls au milieu de ce champ de glace chaotique compressé par les courants et les vents. Des blocs montent au ciel sur plusieurs mètres, la vue est spectaculaire au sommet de certains d'entre eux. En fin de journée, une nappe de brouillard nous enveloppe, il est 20h, temps de s’arrêter... La terre est à 43km, grâce au drone, nous avons repéré une zone d’eau libre au loin, confirmée par un nuage noir... notre objectif à court terme !

28 juillet 2022

Cross country sur tapis roulant.. Certains kilomètres se méritent plus que d’autres ! Nous avons perdu 2 kilomètres dans la nuit. La dérive des glaces ne nous a pas été favorable mais nous acceptons notre sort. Lever à 6h ce matin pour 12h de tractage de notre demi-tonne à voiles sur un terrain chaotique, heureusement aidés pas un vent de travers : 18km parcourus seulement, et beaucoup d’efforts. Nous espérions des enchaînements de belles plaques, mais ce n’est pas l’endroit ni le moment... Nous passons pourtant les chaos de glace avec pas mal de souplesse, de méthode et de force. Parfois, les étraves se retrouvent à 2 mètres du sol, le bateau est complètement cabré avant de basculer derrière la crête ; ou encore pour descendre dans l'eau depuis les plaques, nous devons passer des bordures pouvant aller jusqu'à 1 mètre, il faut être 2 sur les étraves pour aider à bien plonger et protéger les pauvres safrans qui souffrent mais tiennent bon ! Et comme ça ne suffisait pas, nous sommes sur un tapis roulant, le GPS indique que nous dérivons de 0.5 kilomètres par heure quand nous nous arrêtons faire une pause. La matinée était cependant très agréable, belle lumière et froid sec (ça a gelé... on pense à ceux qui souffrent de la chaleur, avec 45 degrés de plus qu’ici !) Nous sommes au milieu du détroit qui nous sépare encore de l’île Ellef Ringnes. Le fort vent (Nord) nous fait dériver vers le sud - Sud Est, on va encore reculer pendant la nuit... mais ce n’est pas ça qui va nous empêcher de dormir !

27 juillet 2022

Tenir le cap... Aujourd'hui cela fait un mois exactement que cette aventure a débuté. Nous avons passé la l'attitude du nord de l' île de Borden et sommes maintenant dans la région canadienne du Nunavut. Le crack est toujours ouvert mais il part trop au nord, à 80° de notre route et la glace se densifie. Nous finissons donc par monter sur la glace pour tenter de faire route presque directe, en tractant le bateau quelques heures... puis un beau crack se présente à nous à nouveau mais voilà que le vent tombe complètement, il faut continuer à tracter le bateau mais cette fois-ci depuis la rive de la banquise et à l'aide d'un bout. Nous nous arrêtons tôt dans la soirée pour réaliser un prélèvement ADN ; nous n'en réalisons pas si souvent, il faut dire qu'après avoir tracté le bateau 10 ou 12 h, le soir nous avons du mal à rajouter 45 minutes de prélèvement mais nous nous y tenons et les filtres se remplissent tranquillement. Nous réaliserons environ 20 prélèvements d'ADN durant toute l'expédition. Cela consiste à filtrer de l'eau directement dans la mer pendant 20 minutes, de préférence en navigation à une vitesse de 2 nœuds ; pour l'instant il y a trop de glace, nous sommes donc obligés de le faire en statique. L'une des complexité est de ne pas mettre notre propre ADN partout, il faut travailler proprement dans des conditions pas souvent faciles et bien sûr tout désinfecter. Ces prélèvements d'ADN rendront compte de la faune (que nous ne verrons pas) de cette région de manière plus précise ; il sera par exemple possible de découvrir que certaines espèces vivent sous ces latitudes alors que l'on ne les attendait pas si nord.

26 juillet 2022

Entre eau et glace... Hier, après un départ en mode « mulets » sur 6 km, nos regards se portent au large sur les nuages noirs qui forment une belle courbe vers le NE, le reflet du crack aperçu sur les cartes. Il n'y a plus à hésiter, on vire à 90° et faisons route dans sa direction. 3h et 9 km plus loin, on y est ! De l'eau noire à perte de vue ou presque, sous voile, nous glissons. Les quarts de navigation reprennent, 1 à la barre et 2 dans les duvets. Aujourd'hui, nous avons constamment navigué sur l'eau !!! Le crack a tenu bon même si ce soir nous rencontrons de plus en plus de plaques à traverser, de quoi se réchauffer ! En effet, pas facile pour celui qui est dehors pendant 2 heures car l'humidité nous fait souffrir depuis hier, depuis que nous avons commencé à naviguer au près encore tout humides de sueur. Heureusement dans le bateau, le confort en navigation s'améliore : nous arrivons à étaler 2 matelas et duvets (Merci à Lestra qui nous fournit chaleur et confort depuis des années) pour nous réchauffer entre chaque quart. Quand au tajine à l'agneau confit de ce soir, il nous aidera également à nous réchauffer et à nous régaler... Espérons que le crack nous laisse du répit jusqu'à la prochaine île.

24 juillet 2022

Reprise compliquée... Après une journée de repos nous avons repris notre route sur la glace et pas dans les conditions les plus simples. Péniblement nous tirons notre embarcation sur une glace peu uniforme et très glissante sur laquelle il est difficile de trouver de bons appuis... avec un vent de face à 15/20 nœuds et pas d'eau. Contre toute attente, nous avons parcouru 20km aujourd'hui et 840 depuis le départ. Parfois nous nous disons que c’est bien d’être seuls ici car si quiconque nous voyait, on nous prendrait pour des fous, des idiots, … ou un peu de tout ça à la fois ! Tirer et pousser un bateau par vent fort de face, sur un terrain bosselé de glace verglacée… quelle idée ! Que sommes nous venus faire ici ? Mais pour rien au monde, nous laisserions notre place. Ces paysages étonnants que nous avons la chance de découvrir et ces animaux qui n'ont certainement vu que peu de monde nous font définitivement réviser notre opinion. Ce soir, le bateau est fortement remué par les rafales de vent mais les piolets sont solidement plantés dans la glace et nous, bien au chaud dans nos duvets, nous allons bien dormir pour être en forme demain. Surtout que le fort vent de nord-est est en train d’ouvrir le crack, au large, un nuage noir au loin se forme. Même si, pour le moment, nous préférons rester près de la côte, c’est laborieux mais sûr, nous surveillons l’évolution de la situation au large. Si ce crack est accessible et s’ouvre bien, il pourrait nous permettre de faire un sacré bond en avant… Mais entre la théorie et la pratique en arctique, il y a souvent un long chemin…!

23 juillet 2022

Vacances au soleil... L'étendue d'eau près de laquelle nous nous sommes couchés hier n'a pas pris une ride ce matin. La musique si particulière de la glace, des plaques de banquise qui dérivent dans un paysage où tout semble figé, le soleil nous réchauffe, nous savourons cet instant. Le vent peine à nous faire bouger et nous devons sortir les rames si nous voulons avancer. Au détour d'un îlot, nous sortons le bateau sur la glace. Le terrain est instable comme un bord de banquise, et même si les vibrations provoquées par le bateau quand nous avançons sur la glace trahissent les zones les plus fragiles et nous permettent de les anticiper, nous passons quand même à l'eau ; Éric ouvre la marche et, avant que Jimmy puisse le rejoindre, Sébastien l'a déjà attrapé pour l'aider à sortir. Une heure plus tard, c'est au tour de Jimmy de sentir l'eau glacée s'infiltrer jusqu'à ses sous-vêtements, le choc est vif. Décision du capitaine : presque un mois que nous sommes partis, nous avons besoin de repos, il faut aussi rincer à l’eau douce et sécher nos affaires gorgées de sel depuis près d'un mois maintenant, réparer le flotteur et l’étrave du bateau et... se reposer. Une petite toilette ne fera pas de mal non plus, les conditions s’y prêtent... le soleil se fait si rare depuis quelques temps. Cap sur la plage de l’île Borden ! C'est le moment aussi de prendre du temps pour nous, chacun vaque à ses occupations : Seb part faire un tour à terre, Jimmy va chanter et écouter de la musique, Eric reste lire et écrire. Laisser aller nos pensées, bien loin de tout, profiter de ce moment pour s'évader avant de se re-concentrer sur l'expédition, notre route, les glaces, le vent... Puis nous partageons un apéro (thé et saucisse sèche de Sachs) suivi d’un bon diner (Merci deliSec) et enfin… la cuillère de pâte à tartiner pour notre nouvelle île atteinte ! Nous faisons le point sur ces presque 4 semaines écoulées, et regardons les cartes pour se projeter sur les semaines à venir. Heureux d’être là, et excités de ce qui nous attend !

22 juillet 2022

Journée éreintante… Nos efforts et notre persévérance étaient nécessaires à chaque instant de la journée. Un terrain peu accueillant, des bosses et des creux dans tous les sens, des glaces fragiles parfois, des lacs et des rivières de fonte. Mais l'esprit d'équipe règne, chacun à son poste s'épuise à faire avancer le bateau sur le terrain qui nous est donné. Nous arrivons finalement en vue de l'île Borden, séparée de la banquise par une belle voie d’eau. Notre dernier kilomètre s'effectue ainsi sur l'eau libre : le soleil éclaire le paysage, les sternes arctiques nous survolent, c'est le calme plat, une ambiance comme on les aime dans ces endroits. Juste parfois le bruit de l'étrave qui brise une très fine couche de glace qui flotte à la surface et qui nous rappelle que les températures sont proches de zéro. 28km aujourd’hui, dans des conditions pas évidentes, nous voilà à Borden, fourbus mais satisfaits ! Choisir sa route... Avant de partir, le nez sur les cartes, ça paraît plutôt fluide lorsque que l'on tente de comprendre comment travaillent et se déplacent les glaces dans les zones où nous allons aller... Mais une fois sur place, on comprend que nous n'avions pas vraiment saisi la complexité de l'affaire, il faut tout revoir et analyser encore les cartes avec les données de terrains mais c'est sans compter que toutes ces glace ou presque bougent tellement... qu'il faut aussi déterminer lesquelles sont fixes, collées à la terre et lesquelles sont mobiles. Les glaces fixes sont souvent plus propices au déplacement mais la plupart du temps, ce déplacement se fait en marchant donc pas rapide (car souvent peu de vent) sans oublier les chaos rencontrés régulièrement sur ce terrain et qui nous ralentissent encore ; ça nous permet de faire un moyenne correcte mais pas assez rapide pour finir dans les temps. Les glaces du large sont souvent épaisses mais chaotiques, de plus elles dérivent vite et souvent vers le sud. Entre les 2, il y a les cracks qui s'ouvrent parfois et grâce auxquels on peut se déplacer rapidement mais ils peuvent aussi se refermer très vite ce qui rend leurs abords très chaotiques. Pour résumer : sur les glaces de terre nous n'allons pas assez vite, dans les cracks nous sommes plus rapides mais pouvons mettre des jours à en sortir (les abords chaotiques) et le large, on oubli ! Le choix se porte donc sur les cracks mais il faut savoir en sortir à temps. Tout ceci résume juste les options globales, après il y a le déplacement à vue (ou sans vue;-) ... La journée d'hier en a été l'une des meilleures illustrations : En effet, le matin alors que nous étions encore au large, deux options se présentaient à nous : se rapprocher de la côte de l’île de Brock, ou reprendre le large pour rejoindre un beau crack. Nous reconnaissons le terrain autour de nous puis pesons le pour et le contre de chaque option : la sécurité d’un terrain relativement plat, sur lequel nous tirons le bateau ou la tentation d’une belle eau libre qui nous fait avancer vite et facilement, mais pour y accéder et en sortir, qu’aurons-nous comme terrain…? Finalement, une dernière carte des glaces envoyée par Christophe montre que le beau crack en question s’est refermé sous l’effet du vent de nord-ouest. L’absence de nuages noirs à l’horizon nous le confirme, pas d’eau par là ! Cap vers la côte ! Nous avons finalement parcourus 18km sur une glace tantôt lisse tantôt accidentée, mais avec du vent portant pour nous aider dans notre progression et pour atteindre la pointe nord ouest de l’île de Brock...

20 juillet 2022

L'île de Brock... L’arctique est imprévisible, elle réserve toujours des surprises, des mauvaises comme des bonnes. Aujourd’hui, elles sont bonnes ! Le vent portant nous pousse sur de belles plaques de glace lisses et accueillantes et même parfois des zones d’eau plus ou moins grandes. Nous alternerons marche et navigation, un bon programme pour bien avancer sans trop se refroidir ! Certains passages, heureusement peu nombreux aujourd’hui, sont plus délicats et demandent un peu de reconnaissance comme les bordures de glace qui ne sont pas saines et ça n'a pas loupé, l’un d'entre nous passe à l’eau jusqu’à la taille… bottes remplies, vêtements et sous vêtements trempés. Pas de sèche linge disponible, le meilleur moyen pour sécher est encore de garder ses vêtements sur soi. D'ailleurs la nuit, nous glissons nos sous-vêtements humides dans notre duvet tout contre nous pour les avoir opérationnels le lendemain matin. Nous avons plusieurs choses à célébrer ce soir : après des journées difficiles et éprouvantes, nous avons parcouru 32 km et dépassé un peu notre moyenne quotidienne, nous sommes dans les temps, pile sur le 78e parallèle et à hauteur de l’île de Brock ! Nous n’irons sans doute pas à terre, car les images satellites indiquent une belle voie d’eau au large qui pourrait nous permettre d’avancer de 50km sur l’eau, on ne va pas gâcher ce plaisir ! Après avoir rempli notre questionnaire pour l'Université de Nîmes*, nous nous endormons ! Une nouvelle journée de progression vers le nord nous attend demain ! *Chaque soir, nous remplissons à tour de rôle le sondage pour l’université de Nîmes. Après avoir indiqué quelles ont été les conditions météo et de navigation du jour, combien de temps avons-nous tracté le bateau, les animaux rencontrés... il faut renseigner sur notre état de fatigue, de lassitude, nos émotions du jour sur une échelle de 1 à 5. Enfin répondre à quelques questions comme : quelles sont vos stratégies de régulation par rapport aux éventuels problèmes rencontrés, où en sont les relations humaines dans l’équipe, êtes-vous satisfait de votre journée

19 juillet 2022

Journée revigorante... Pas de vent, pas une ride à la surface de l'eau, du coup une sensation de chaud ! Pas la canicule, mais nous nous sommes tout de même retrouvés sans gant ni bonnet ! Quand il n’y a plus le petit vent frisquet du nord qui pique, on le sent ! La voile ne nous sera pas d'une grande utilité aujourd'hui mais c'est agréable de pagayer dans ces zones d’eau inattendues, de quoi ménager les corps et le bateau. Toute la journée, nous glissons dans un univers paisible de blanc (banquise), gris (ciel), noir (mer) et des touches de bleu « menthe glaciale » (lacs de fonte et glaces immergées). Nous prenons même le temps d'un thé sur le cockpit, en glissant au milieu des blocs épars, « ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé ! » Bref, après de dures journées, nous savourons pleinement ! Nous avons avancé de 20 kilomètres aujourd'hui, croiser un ours au loin, le 7ème, quelques traces de pas, de plus en plus de phoques, d'oiseaux. Ce soir nous bivouaquons en bordure de plaque, à moins de 30km de Brock, et réalisons nos prélèvements pour la science. Aujourd'hui, la fille d'Eric fête ses 11 ans, alors, de la part de nous trois, joyeux anniversaire Mia !!!!!

18 juillet 2022

Encore une petite journée... Nous sommes sur un gros tapis roulant mais à contre-sens, par moment, juste boire un thé c'est un retour en arrière de 50m, une réparation 185m, un pipi 3 mètres ! Aujourd'hui nous avons fait pas mal d'est pour essayer de sortir des gros courants, résultat en fin de journée, les plaques étaient plus fines et moins chaotiques. Enfin ! Car le bateau est parfois malmené dans ce chaos et depuis quelques jours une fissure de 15 cm est apparue sur le dessus du flotteur tribord, à force de prendre de gros chocs frontaux. Nous avons dû nous arrêter 3 h pour effectuer une réparation temporaire, il a tout de même fallu vider le bateau et garder la coque en l'air pour la soulager le temps de l'opération. Puis il a fallu dégonfler un peu la vessie qui se trouve dans la coque pour s'y glisser. Sacré exercice de contorsionniste que de rentrer dans un tube de 50 cm de diamètre déjà occupé par une vessie seulement à moitié dégonflée pour approcher la fissure et mettre en place une attelle de fortune (une planche de 60 cm par 15 cm enroulée dans un Carimmat). Enfin, la trappe refermée et la coque regonflée, nous reprenons notre route ! L'attelle semble bien faire le travail, ça ne bouge plus du tout mais il faudra tout de même effectuer une réparation plus sérieuse quand les conditions seront meilleures.

17 juillet 2022

« Debout les marmottes ! »... Le rituel du matin est bien rodé ! Dans la cabine, Seb dort au milieu, proche de la porte d’entrée. Plus matinal que son équipage, il met en route la bouilloire électrique pour le muesli, allume l’iridium Go pour télécharger les cartes des glaces et météo, le café est bientôt prêt... nous pouvons émerger de notre duvet. Notre capitaine prend soin de ses matelots, rien à dire ! 16 km, c'est la distance que nous avons parcourus en 2 jours, plus précisément en 19h ! Hier le soleil a fait une petite apparition, ce matin la température est proche de 0 degrés et la visibilité est bonne. Pendant la nuit, le vent de nord-est a légèrement ré-ouvert notre crack nous permettant de naviguer sur l'eau en tirant de nombreux bords car le vent, lui, est toujours de face. Mais très vite, nous comprenons que la journée sera un peu plus sportive que ça, il nous faut de nouveau tracter et pousser notre embarcation. Fort heureusement, le cheminement est un peu plus évident que la veille, moins chaotique, pas de grosses crêtes ni de blocs flottants, glissants et mouvants à franchir... tout de même, nous finissons la journée bien fatigués. L’île de Brock est encore à 59km… Nous sommes des fourmis dans cet univers de glace, un pas après l’autre, avec notre bateau-traîneau ; chaque mètre de pris est un mètre gagné. Bon, sur 3000km, ça en fait beaucoup, des mètres… Mais on va y arriver !

15 juillet 2022

Casse-tête arctique... La journée a débuté sous un brouillard givrant et du vent de face. Nous alternons les quarts, au frais à l'extérieur ou au chaud dans notre sac de couchage. A chaque virement de bord, c'est-à-dire toutes les 10 minutes, la glace de la nuit accumulée dans le gréement tombe sur le roof, Seb culpabilise un peu d'être bien au chaud et de savoir Eric et Jimmy trempés et frigorifiés mais il sait aussi que plus tard les conditions de glace compliquées l'obligeront à prendre la barre. Au bout de plusieurs bords, en effet, la glace se densifie, il faut slalomer entre les blocs, de plus en plus nombreux et gros. La progression devient plus difficile, la glace devient vraiment trop dense, il faut maintenant pousser ! Nous tâtonnons, cherchons les passages et finissons par choisir un chenal mais ça coince aussi. Eric et Jimmy partent repérer à pieds, pendant que Seb essaie de comprendre où nous nous situons par rapport aux glaces. Il re-dessine la carte en y intégrant notre position sur un plastique d'emballage de chocolat en superposant la photo satellite des glaces, résultats : tout est normal, les cartes des glaces indiquent bien que nous rentrons dans le dur. Entre temps, le vent est devenu portant, légère brise qui nous pousse au milieu des nombreux « glaçons » dont la masse se compte en dizaines de kilogrammes, sinon en dizaines de tonnes ! Seb aux manettes (voiles, safrans et itinéraire), Jimmy et Eric aux étraves pour pagayer, repousser les blocs, monter sur une plaque quand cela est nécessaire, ou essayer de guider Seb pour trouver un passage. C'est violent, épuisant surtout pour les safrans et ça demande beaucoup de concentration. Au bout de 6 h de ce traitement, Seb juge plus raisonnable de nous arrêter sur une belle plaque, avant que nous ne commettions une erreur par fatigue ou manque de concentration. Aujourd'hui nous avons parcouru 20 km en 10 h, ce qui est pas mal au vu des conditions rencontrées ! Ce soir le GPS indique que la plaque qui nous héberge dérive lentement sur notre cap... déjà 388 mètre de gagné !

14 juillet 2022

Un jour sur l'eau ou presque ! Ce matin nous mettons directement le bateau à l'eau ; commence alors un exercice que nous connaissons bien, celui de tirer des bords au milieu des glaces flottantes sur un plan d'eau étroit. Au bout d'une vingtaine de km, les morceaux de glace se font de plus en plus fréquents et denses, les bords de plus en plus serrés et même en tirant le bateau depuis la glace, il faut pousser, tirer, border, choquer ! Le bateau tape et rebondi mais nous avançons.... jusqu'à ne plus trouver d'eau... nous montons alors sur la glace 500 mètres pour rejoindre une nouvelle zone d'eau plus ou moins libre et ça repart ; nous enchaînons les bords souvent de moins de 10 mètres, ça cogne de plus en plus mais notre confiance et notre volonté d'avancer ne nous abandonnent pas : rien ne nous arrête aujourd'hui. Enfin, la glace se dissipe jusqu'à disparaître nous laissant un plan d'eau plus praticable et comme pour nous soulager encore un peu plus, à son tour, le vent faibli : Seb en profite pour rentrer se reposer un peu, pendant que Jimmy barre et continue son stage intensif de voile. Éric se repose sous la casquette après avoir barré un moment dans le vent fort. Ce soir, nous installons le camp sur la glace, au large des terres. A l'intérieur les visages chauffent, signe d'une journée intense mais fructueuse car nous sommes à moins de 100km de la prochaine île, l'île de Brock. Et pour couronner le tout, en guise de feu d'artifice, un spectacle majestueux nous est offert par une cinquantaine des bélougas venus nous saluer  !

13 juillet 2022

Ces derniers jours ont été assez durs. En cause ? Vent de face, brouillard, pluie, passages difficiles, pas facile... Mais ce matin, quelle fut notre surprise de voir un phoque épier nos us et coutumes matinales. Pas franchement perturbé, il lève simplement la tête, curieux de ce spectacle inhabituel sous ces latitudes. Le soleil est plutôt au rendez-vous ce matin et nous voyons apparaître au loin quelques nuages bien noirs, signe d'une présence d'eau libre. Une bonne distance nous en sépare mais nous savons que c'est par là-bas que nous devons nous diriger. La glace devant nous est plutôt lisse, le vent est définitivement de face mais c'est toujours ça de pris. Jimmy se positionne à l'arrière du bateau pour le pousser, Éric et Sébastien devant, chacun une étrave, tirent et dirigent l'embarcation pour éviter les obstacles présents sur la glace. Ce rythme va durer un temps mais finalement le chaos de glace nous rattrape. A présent, il faut pousser fort, faire pivoter le bateau sur son point d'équilibre pour le faire retomber de l'autre côté, sortir les piolets et palans pour le hisser au delà des crêtes de compression, parfois très hautes. Mais notre motivation ne faiblit pas, alimentée par le désir de s'imaginer encore un peu plus loin. A chaque effort notre but se rapproche et bientôt nous voyons l'eau apparaître au loin. Les cartes envoyées par Christophe indiquent que cette faille pourra nous permettre de naviguer sur plusieurs dizaines de kilomètres, peut être même jusqu'à la prochaine île à 140 kilomètres d'ici. Après quelques miles, finalement nous échouons l'embarcation pour passer la nuit, peut-être que demain matin, nous nous ferons réveiller par le souffle des baleines.

10 juillet 2022

La glace sous toutes ses formes Le vent du nord nous oblige à flâner dans nos sacs de couchage ce matin. Il faudra bien l'affronter mais patientons encore un peu pour éviter ces rafales de face violentes. La brume est toujours aussi épaisse, l'île du Prince Patrick n'ose pas se dévoiler. C'est parti ! Nous réussissons à avancer sur quelques kilomètres grâce à une bande d'eau libre le long des côtes. Sébastien, à la barre et aux écoutes, tire des bords, tandis qu'Éric et Jimmy positionnés à l'avant rament, poussent le bateau sur les hauts fonds, et sautent sur la glace quand il faut le sortir de l'eau. Chacun se positionne et prend son poste, une bonne coordination se créé au fil des glaces. Les habitants de l'arctique ont des dizaines de termes pour qualifier l'état de la banquise. Nous en voyons de toutes sortes et chacune d'entre elles a ses propres caractéristiques. Nous marchons sur des étendues éphémères, parsemées de lacs et de canaux dans lesquels l'eau de fonte s'évacue à mesure que la banquise diminue. Dans quelques semaines, cet endroit redeviendra une baie d'eau libre laissant le temps à la faune de s'épanouir avant de redevenir dans quelques mois déjà un champ de glace froid et solide. En fin de journée, une plaque bien lisse nous permet d'abattre et d’avaler une plus grosse distance en quelques heures. Le soleil se montre enfin et nous découvrons encore plus les terres que nous longeons depuis quelques jours. Quelques barils de kérosène laissés sur une île au milieu de nulle part nous étourdissent : la moindre trace humaine est sujet d'attention et d'interrogation. Nous profitons du soleil pour faire sécher nos bottes, nos pantalons, gants... Demain nous aurons des vêtements secs à enfiler et une autre journée à regarder vers le Nord. Aujourd'hui : 24 km avec le vent de face, 98% sur la glace dont 5 km de glisse au près sur une belle plaque lisse = 120 km en 4 jours, on est dans les temps !

8 juillet 2022

Record de distance sur glace Ce matin, pendant le p'tit dej', les paris sont lancés sur les kilomètres que nous allons parcourir dans la journée : entre 25 et 30. C'est avec un vent faible, sous le brouillard et la pluie mais tout de même entourés de magnifiques couleurs bleues, que nous nous mettons en route. Petit à petit, le vent forcit ce qui nous permet de monter sur le bateau et de nous laisser simplement glisser sans avoir besoin ni de tracter ni de pousser... mais ça ne va quand même pas très vite, il faut comprendre que notre poids y est peut-être pour quelque chose ! Nous faisons tout de même les 30 premiers km comme ça avant de décider d'une pause pour se dégourdir les jambes à terre, le prix à payer de s'être laisser porter par le bateau...nous constatons que les reliefs s'amenuisent, les paysages sont de plus en plus plats. Nous décidons de faire encore un peu de route, le vent s'étant stabilisé : 10/12 km/h. Et c'est 15 km que nous rajoutons à notre compteur, toujours assis sur le bateau à régler les écoutes pour diriger et garder un pied sur le frein car la piste n'est pas tout à fait lisse et il est recommandé de ne pas casser le bateau ;-) Très peu de rencontres aujourd'hui, est-ce le brouillard qui nous empêche de voir les ours ? Le bruit du frottement sur la glace de les entendre ? Néanmoins, cette montée vers le nord et l'inconnu attise de plus en plus notre curiosité.

7 juillet 2022

Même rituel quotidien au réveil : chacun se tortille comme il peut pour attraper ses chaussettes laissées au fond du sac de couchage, enfiler son bas en mérinos puis renfiler les vêtements encore un peu humide de la veille, tout ça dans l'espace limité du bateau. Nous commençons la journée sous la brume dans un dédale de pack flottant. Nous prenons le temps de nous arrêter régulièrement pour monter sur les blocs de glace et observer le terrain qui nous entoure, c'est là que nous apercevons un ours au loin devant nous. Il se met à courir et nous reprenons notre chemin. Nous restons attentifs et ne sommes pas surpris de le revoir apparaître sur notre côté. L'ours sous le vent peut renifler les odeurs et définir quelle est cette chose qui se faufile au milieu des glaces. Pour sûr, nous attirons la curiosité de l'animal avec notre embarcation. Il s'en retourne une demi heure plus tard au moment où nous approchons de plaques de glace lisses et sans obstacle. Une aubaine pour nous, nous enchaînons alors les kilomètres jusqu'à l'île du prince Patrick, l'un des endroits les plus austères que l'on ai vu, une île désolée sans vie apparente, paysage sombre et sans relief, seule une pierre échouée au milieu de nul part. Nous sommes heureux de notre présence ici, d une belle journée au milieu des glaces, de savoir que nous sommes encore un peu plus au Nord, d'un bon repas chaud... avant de nous endormir sous le soleil de minuit, rêvant déjà de ce que mère nature nous réserve pour demain.

6 juillet 2022

Tapage nocturne... Hier soir, après la rude journée d'hier, tous les trois endormis, un ours curieux est venu se frotter au bateau... j'aime pas que l'on touche à mon bateau !!!!! Alors, pas très fair-play car fatigué, je lui ai dis de partir et l'ai assaisonné avec la bombe au poivre. Il a fini par s'éloigner pour nous laisser dormir en paix. Cela fait 2 jours que nous naviguons vers le nord-est espérant tomber sur la faille que l'on voyait sur les photos satellite envoyées par Lise ; pas simple de les identifier avec le brouillard ou les mirages quasi constants. Mais enfin, nous l'avons trouvée ! Et depuis ce matin, à part quelques passages plus ou moins longs sur la glace, Babouch'ty navigue sur l'eau. Nous venons de passer le 75 N ! Espérons que ça continue comme ça vers le nord

4 juillet 2022

Le défilé ! Ce matin, ce sont des dizaines de bélougas qui nous réveillent autour du bateau ! La glace, sous l’effet du vent d’est, s’est libérée et va nous offrir un chenal de plus en plus large le long de la côte. Nous tractons un moment sur la glace pour enfin retrouver l’eau. Seb fait une démonstration de navigation au près au milieu de blocs flottants et dérivants, avec des virements au centimètre près sur une voie d’eau de quelques mètres de large, et bien encombrée ! Jimmy et Eric sont à l’avant pour écarter les blocs ou aider à orienter le bateau dans ce bazar de glace flottant ! Et le clou : nous croisons des bélougas à 3 mètres du bateau ! Après 11h de navigation, nous nous installons sur la glace côtière en nous amarrant à terre, satisfaits de voir dériver la glace à grand train vers le sud alors que nous resterons sur place cette nuit. Mais la journée n’est pas finie... Un tour à terre et nous tombons sur 2 caribous, ils se tiennent à distance, se mettent sous notre vent et commencent même à nous suivre. Pendant ce temps, renards et lièvres arctiques nous observent ! De retour à bord et juste après notre repas du soir, c'est à l’arrière du bateau que nous découvrons surpris un animal en train de nous observer, à 15m : un loup arctique, port altier et fourrure blanche fournie ! Espèce sauvage rare ! Il est venu à notre rencontre, depuis combien de temps nous observe-t-il ? Il prend un peu de distance, nous observe, et s’évanouit dans la brume du soir…

2 juillet 2022

Quelle journée encore ! Beaucoup de glaces aujourd'hui alternant plaques plates sur lesquelles il est possible de monter à bord pour simplement glisser et chaos que l'on croit infranchissables au début mais qui, après réflexion et recherche, nous laissent passer. Nous sommes nous-même étonnés de la facilité et de la rapidité avec lesquelles Babouch'ty franchit ces obstacles... même s'il faut tout de même, parfois, sortir les piolets et palans pour tailler la glace et faire monter le bateau (presque 600 kg : 200 pour le bateau et 300 pour la nourriture, notre équipement et le matériel scientifique) sur des blocs de plusieurs mètres de haut. Ce soir nous avons atteint une île au nord ouest de l'île de Banks et pour finir la journée en beauté, nous avons aperçu 2 caribous et deux chouettes harfang Encore une journée exceptionnelle que l'on a pu vivre grâce à, rappelons-le, Jean-Christian Kipp et sa fondation ODYSSEUS, qui finance cette belle aventure. Nous voulons, tous les trois en cœur, le remercier de son précieux soutien, sans qui cette expédition n'aurait pas été possible. D'ailleurs... A l'heure où j'écris, Jean-Christian doit être arrivé à Paris avec de belles images gravées dans les yeux. Il a été notre coéquipier pendant 10 jours à bord de Babouch'ty pour une navigation arctique étonnante et variée au large de Sachs Harbour. Et nous avons vécu de bons moments ensemble. Ce n'est pas toujours facile (même si c'est un plaisir) pour moi de partager ce genre d'expédition avec quelqu'un à qui l'on doit beaucoup, mais ça a été un bonheur de l'avoir à bord. Jean Christian s'émerveille constamment de la beauté de l'endroit, des belles glisses du bateau et il s’adapte, avec le sourire et à la perfection, aux conditions parfois rudes d’expédition... Tout ça pour dire : merci JC, on remet ça quand ?

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C'était trop beau ! Après un lever à 3h du matin pour profiter d’un bon vent portant sur environ 60 km, nous voilà dans les glaces et la bruine… Il faut cheminer pendant deux heures à travers des blocs flottants, des plaques, des lacs de fonte, des crêtes… Les combis sèches ont bien été rentabilisées aujourd’hui avec quelques baignades ! Journée marquée par la rencontre sur la glace d’un jeune ours, le 4eme depuis notre départ. Curieux, il s'approche nous renifler. Il est à 20m. Nous sommes sur la défensive, bien plus vulnérables que sur l’eau… après avoir tenté la technique classique de la bombe aux poivre qui ne le fait même pas sourciller, nous optons pour une stratégie nouvelle : donner l’assaut (si si) en lui fonçant dessus, en poussant, tirant, criant à travers les blocs de glace... et ça marche ! Il prend la fuite et, dépité, continue sa route et nous la notre. Une pensée émue pour Jean-Christian qui a tant attendu ce moment lorsqu'il était à bord. Ce soir, c'est glace et brouillard Bilan : 85km dans le nord

1 juillet 2022
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30 juin 2022

Depuis le départ, nous naviguons non-stop grâce à un formidable crack qui nous ouvre la route du nord, tout en alternant les quarts. Jimmy prend ses marques sur le bateau, Eric tente de reprendre les vieilles habitudes et Seb s’active pour faire avancer le bateau dans les meilleures conditions possibles. Il nous faut jouer entre les photos satellites transmises pas Lise depuis la terre et la lecture du terrain (qui change aussi en fonction du vent et courant ; les glaces bougent en permanence, sauf celles rattachées à la terre, et que nous essayons de longer). En cas de doute, le drone survole la zone pour avoir confirmation d'un passage... ou pas : mais les quelques passages de glace rencontrés, nous ont permis de nous dégourdir les jambes. En 48h, nous avons déjà parcouru plus de 100km sans effort, contemplatifs devant les glaces accueillantes et les nombreux animaux croisés... 3 ours, des phoques, des vols de canards eider, des baleines à bosse et des bélougas ont croisé notre route. La vie est belle ! Instincts de survie sur la banquise : - vous tractez poussez le bateau sur la banquise, suivis par un ours insistant, placez vous aux étraves plutôt qu’à l’arrière du bateau… - La glace n’est pas très sûre, laissez votre compagnon passer devant, meilleur moyen pour tester la qualité de la glace. - Ne pas manquer d’énergie, dormez près du sac qui contient les vivres de course. - Gardez vos vêtements secs et chauds : on a tous les mêmes vêtements, incognito échangez ceux mouillés contre ceux secs de votre compère. Rassurez vous, rien de tout cela à bord de Babouch-ty ! Esprit d’équipe, solidarité, entraide, passion commune sont les maîtres mots !a

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28 juin 2022

Ça y est on est parti ! Émotion de quitter Sachs ! Un grand merci à tous ses habitants pour leur gentillesse, merci d'avoir gardé babouch'ty pendant presque 4 ans. S'en suit vite un sentiment d'excitation et d'impatience. Nous partons pour des terras et mare incognita. Mais tout est fin prêt, le bateau est équipé et a été de nouveau testé lors de ces derniers jours avec Jean-Christian, l’équipe est en forme et motivée. Des conditions donc parfaites pour ce départ, les cours de voile peuvent commencer ! Deux heures plus loin, nous longeons déjà la glace, une première baleine nous rend visite : ça sent le bonheur ! Merci à tous nos partenaires financiers et techniques pour nous permettre de vivre cette aventure qui promet d’être belle et complète. Merci aussi à nos familles et amis, tout particulièrement à Lise, qui nous a concocté de bons petits plats déshydratés mais qui s'occupe aussi de l'intendance à terre pour que notre expédition se déroule au mieux et soit partagée en direct avec vous tous. En effet une solide base arrière, un équipement optimal et des moyens financiers sont nécessaires pour entreprendre un tel voyage. Nous comptons bien partager notre quotidien, nos découvertes, et notre passion pour ces régions belles, sauvages et reculées.

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27 juin 2022

Départ imminent... L'équipe enfin au complet à Sachs Harbour s’apprête (non sans une grande excitation) à prendre le départ de l'expédition 2022 en direction du nord du Groenland et du Spitzberg. C'est ici que s’arrête la route de Jean-Christian, triste de quitter l'équipée et le bateau mais heureux d'avoir pu participer à ce rêve. Un grand merci à Joey Carpenter pour son aide si précieuse à Sachs ! A suivre...

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25 juin 2022

Sur la route du retour pour Sachs Harbour... ... nous avons navigué au milieu des souffles de baleines, pendant des heures, elles nous ont suivis. Pendant que Jimmy trépigne d'impatience en scrutant l'horizon dans l'espoir de voir une voile apparaître au loin... Jean-Christian se livre sur ces 10 jours passés sur Babouch'ty ... Qu'est ce qui m'aura le plus marqué dans ce début d'expédition arctique ? Est-ce les paysages polaires, austères, silencieux et blancs ? Est-ce la découverte dans ce paysage caractéristique de lacs turquoises, sur lesquels nous naviguons, semblables à s'y méprendre à un lagon du Pacifique si ce n'est que les rives étaient de neige plutôt que de sable blanc ? Est-ce cette merveille d'innovation et de technique qu'est Babouch'ty, sorti de l'imagination et des mains de Sébastien, qui en l'espace de quelques jours a montré toute l'étendue de ses capacités à avancer coûte que coûte dans ce milieu difficile et changeant : tractée à force d'homme sur la neige, hâlée le long des berges ou des canaux glaciaires, treuillée et manoeuvrée dans les chaos de glaces, propulsée par ses voiles sur eau et sur glace au moindre souffle d'air, à la rame dans les lagunes ou l'océan par calme plat ? Est-ce cet espace de vie exiguë, dans le ventre du catamaran, ou l'on vit courbé et l'on dort serrés à 3 dans sa cabine de 70cm au plus haut ? Est-ce les matins de tempête, où l'on restait dans nos sacs de couchage à boire du café et à manger une infâme bouillie de muesli à laquelle je ne me ferai jamais, à refaire le monde entre gens du même bord, réchauffés par nos rêves plus que ne l'aurait fait le meilleur des poêles ? Est-ce l'absence d'ours blancs, pourtant tant espéré, qui jamais n'a montré le bout de son museau mais qui finalement sonne l'appel de revenir un jour le voir enfin ? Est-ce l'immense surprise de voir un trio de baleines sonder juste devant nos yeux, au bord de la plage de glace où nous nous étions arrêtés ? Où est-ce finalement la gentillesse, la prévoyance, la détermination et la compétence modeste mais tellement efficace d'Eric et Sébastien qui m'ont accueilli dans leur expédition, en attendant la venue du troisième larron Jimmy ? Il m'en faudra des rêves pour savoir ce qui m'aura impressionné le plus !

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23 juin 2022

Journée variée et généreuse. Le bateau continue de nous impressionner, il passe vraiment partout et on retrouve nos marques. JC prend plaisir à chercher la route dans les glaces, ça fonctionne bien. Ce soir, arrêt sur une plage... de glace, tout prêt d'une énorme crête de compression d'environ 15 mètres, tout au bord de l'eau libre où phoques et baleines s'évertuent à nous émerveiller, le tout sous le soleil. Seb travaille sur la latte de gv, les panneaux solaires et le rangement sous le regard curieux des phoques, pendant qu'Eric et JC jouent aux échecs dérangés de temps en temps par le souffle des baleines : dure vie d'aventurier !!!

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21 juin 2022

Aujourd'hui navigation de 12 milles plein ouest sur la glace dans un décor irréel, entre brume et soleil, eau turquoise et glaces… le tout avec un vent de travers faiblissant et de la belle glace avec plus de 50/100 de lac de fonte turquoise ; et le bateau glisse super bien ! La journée se termine devant un bon repas deLisec ré-hydraté avec de l'eau chauffée au solaire. Se soir il n'y a presque plus de vent, et ça fait du bien après 2 jours de vent fort, on devrait bien dormir. Petit glossaire de l’arctique et de Babouch-ty : cabine : espace habitable et de stockage des affaires sur Babouch-ty. Il s’agit de 2m par 2m, avec au max 70 cm de hauteur. ça rime donc avec promiscuité, souplesse et gymnastique... mais aussi avec abri du vent, cocon…

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18 juin 2022

Derrière la pointe ouest de Banks Island... Journée bien variée en terme de terrain : petit chaos de glace à franchir, lacs de fonte, petites ou grandes pataugeoires, lagunes et bancs de sable… L’occasion de rappeler que Babouch-ty a un tirant d’eau de 30 cm environ. Que ce soit sur lagunes ou sur lacs de fonte, nous naviguons régulièrement dans des zones où l’eau n’arrive même pas en haut de nos bottes. On progresse, 2 aux étraves et 1 à l’arrière aux écoutes, sur l’eau, sur la glace, peu importe, Babouch-ty est un cata tout terrain ! A terre, des œufs et de nombreux oiseaux, des crânes de bœuf musqué, un renard au loin... une faune importante est sur le point de profiter comme nous de l’été arctique !

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17 juin 2022

Rejoints par Jean-Christian, ils ont pris le départ ! Jean-Christian Kipp est le créateur du Fonds Odysseus qui vise à promouvoir l’aventure et la défense des libertés. Passionné d’aventure, reporter, serial-entrepreneur et administrateur de la Société des Explorateurs Français, il est le mécène de l’expédition Nagalaqa. Plus tôt dans la journée, Sébastien et Eric ont participé au conseil des chasseurs de Banks qui leur ont donné leur approbation pour filtrer l’eau (recherche d’ADN environnemental). Ils recevront avec intérêt leur rapport sur la présence de faune rencontrée au long de leur parcours et les ont aussi mis en garde contre les ours. C'est le soir qu'ils ont quitté le village, direction la glace ! Rapidement, un superbe crack s’est présenté à eux, d’une belle largeur et bien longiligne, parallèle à la côte, un vrai boulevard d’eau libre ! Jean Christian, fraîchement débarqué de Paris : “ce bateau est incroyable ! Seb, tu es un génie !” La lumière du soir est assez splendide pour un petit tour à terre, dîner et dormir, un beau premier départ ! Car d'ici 10 jours, ils reviendront déposer Jean-Christian, retrouver Jimmy, et repartir mais cette fois-ci, pour de bon !

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Enfin à Sachs, auprès de Babouch'ty retrouvé comme on l'avait laissé 4 ans plus tôt... enfin presque. Libéré et au grand air grâce à l'aide de Joey et Jeff, c'est l'heure pour nous de tout sortir, déballer, trier, organiser, ...  Hier soir, Babouch-ty était mâté et Sébastien avait fait plusieurs réparations déjà. Jimmy, toujours à Montréal pour finir de préparer l'appro, nous apportera les quelques éléments manquants ou défectueux. Merci à la base arrière pour le soutien logistique : Jean Raymond, Lise, Caroline, Damien ainsi qu’à Joey Carpenter pour votre aide précieuse ! C'est avec beaucoup de plaisir que nous avons passé notre première nuit à bord, sur la plage, à deux pas de la mer de glace. Et autant vous dire que Babouch'ty et son équipage frémissent d’impatience d’aller glisser sur la glace.

15 juin 2022

24 juillet 2022

Tapage nocturne... Hier soir, après la rude journée d'hier, tous les trois endormis, un ours curieux est venu se frotter au bateau... j'aime pas que l'on touche à mon bateau !!!!! Alors, pas très fair-play car fatigué, je lui ai dis de partir et l'ai assaisonné avec la bombe au poivre. Il a fini par s'éloigner pour nous laisser dormir en paix. Cela fait 2 jours que nous naviguons vers le nord-est espérant tomber sur la faille que l'on voyait sur les photos satellite envoyées par Lise ; pas simple de les identifier avec le brouillard ou les mirages quasi constants. Mais enfin, nous l'avons trouvée ! Et depuis ce matin, à part quelques passages plus ou moins longs sur la glace, Babouch'ty navigue sur l'eau. Nous venons de passer le 75 N ! Espérons que ça continue comme ça vers le nord

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